La première période
Chaplin se dégage(libera) peu à peu du comique initial de la farce(farsa). Approfondissant(profundizando)
les gags et les intrigues, il dote son personnage d'une épaisseur(amplitud)
psychologique, d'une dignité qui le singularisent. Simultanément, il en fait
le symbole d'une humanité aux prises(peleada, enfrentada con) avec les dures réalités de l'existence
et du monde. D'une vie de chien au Pèlerin, les avatars du «petit homme» –
vagabond, ouvrier, soldat, évadé déguisé(disfrazado) en pasteur – dessinent une saga
héroï-comique où la variété et la profondeur du registre chaplinien
s'affirment. Le Kid, qu'un carton(tarjeta, pancarta) introduit comme «un film avec un sourire
et peut-être une petite larme», atteint(alcanza) les sommets du pathétique(las
cimas de lo patético). Le
vagabond y recueille un enfant abandonné, interprété par le petit Jackie Coogan, un «gavroche» de cinq ans, véritable double de Charlot (et de
Chaplin enfant). Le film culmine avec l'enlèvement(recogida, rapto) du Kid à ce père non
légitime. Alors que la camionnette où l'on a jeté l'enfant roule vers
l'orphelinat, Charlot bondit de toit en toit(salta de tejado
en tejado), la rattrape et met en déroute(se echa a
la fuga)
les représentants d'un ordre inhumain; saisissant(agarrando) l'enfant, il échange(intercambia) avec
lui un des baisers les plus bouleversants(conmovedores) de l'histoire du cinéma.
La deuxième période()
L'Opinion publique fait rupture par son sujet(está dividida
en cuanto a su súbdito) (sans Charlot) et son style
qui, selon Sadoul, «introduit vraiment la psychologie dramatique dans le
cinéma». Il met en scène(representa en escena) les relations d'une femme et de deux hommes: du
premier elle est la maîtresse entretenue(amante mantenida), du second elle partage(comparte) l'amour,
mais il finit par se suicider. Utilisant toutes les ressources(recursos) elliptiques
du cinéma, dans une mise en scène dépouillée(despojado, desnudo) et concise (jeu d'acteurs,
montage, cadrage), Chaplin suggère plus qu'il ne montre, préfigurant ainsi
un classicisme qui ne s'affirmera qu'avec le parlant.
Après l'Opinion publique, il poursuit, à travers quatre films où Charlot
réapparaît, l'approfondissement(profundización) des ressources expressives qui lui sont
propres, notamment celles de la pantomime. Dans la Ruée vers l'or, le
prospecteur solitaire affronte à la suite de(después de) milliers d'immigrants les
solitudes glacées(frías soledades) du Grand Nord, à la poursuite(persecución,
búsqueda) du rêve américain. L'ironie
cruelle de ce rêve(sueño) apparaît dans des scènes émouvantes et comiques, comme
celle, fameuse, où Charlot déguste avec délicatesse l'un de ses godillots
bouillis. Mais le happy end(final feliz) qui clôt(encierra) ce film ne se retrouve pas dans les
deux suivants, dont l'inspiration et les thèmes anticipent ceux des Feux de
la rampe(luces de candilejas). Devenu clown(payaso) par amour d'une belle écuyère(caballista
de circo) , Charlot reste seul, au
final du Cirque, tandis que(mientras que) la caravane s'éloigne(aleja). L'ironie tragique culmine
avec les Lumières de la ville, où Charlot offre à la jeune aveugle(ciega) qu'il
aime l'opération qui lui rend(devuelve) la vue, tout en sachant qu'elle l'imagine
sous
les traits d'un riche bienfaiteur(bajo el
cargo, amparo de un rico benefactor). Revenant à une inspiration plus
satirique, il illustre au pied de la lettre la métaphore de l'homme «rouage
de la machine(rueda de la máquina)», avec un Charlot victime du travail à la chaîne(cadena
(de montaje)) et de la
société de masse dans les Temps modernes; la parodie des standards
déshumanisés y annonce celle du Dictateur.
La dernière période
Elle commence avec le Dictateur, charge(carga) contre Hitler, caricaturé(caricaturizado) sous
les traits du dictateur Hinckel, sosie(doble) d'un petit barbier juif(judío), nouvel
avatar de Charlot. Poursuivant la satire, Chaplin réalise à travers cette
figure de l'anti-Charlot (selon(según) l'expression de Bazin) qu'est Monsieur Verdoux une «comédie de meurtres(asesinatos)». Il y tisse(teje) un réquisitoire d'une ironie
cinglante(mordaz) envers(hacia) la société; Verdoux, époux(esposo) polygame et meurtrier(asesino) par
nécessité, dénonce l'hypocrisie d'un système où il n'a fait qu'appliquer «en
petit» ce qui se pratique en grand avec les honneurs: guerre, massacre,
exploitation.
Ayant porté la critique à son paroxysme, Chaplin renoue(reanuda) alors avec le
mélodrame, en incarnant cette fois le vieux clown Calvero dans les Feux de
la rampe. Film en forme d'autoportrait(autoretrato) où Calvero, parvenu au terme de son
existence et de sa carrière, triomphe une ultime fois après avoir redonné(devuelto) à
la jeune ballerine Terry le goût de vivre et de danser. La dimension
autoréflexive de cette œuvre en fait l'une des plus profondes de Chaplin.
Fuente:
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